martes, 24 de noviembre de 2015

Chapitre I : L´origine de la philosophie


Chapitre I : L´origine de la philosophie
Qu’est-ce que la philosophie ?
1. Définition
Étymologiquement, le mot philosophie dérive de deux mots grecs : philein (aimer) et sophia (sagesse), d’où le terme « amour de la sagesse ». L’étymologie du terme « philosophie » nous livre deux renseignements : d’une part, l’intention qui sous-tend l’effort du philosophe, c’est l’amour ou le désir ; et, d’autre part, l’objet de la philosophie ou la visée de l’effort philosophique, c’est la sagesse ou la science. Le philosophe tend vers la sagesse comme vers un objet désiré, convoité afin de combler le creux qu’il éprouve en lui. Concevoir la démarche philosophique comme un désir, c’est-à-dire comme un manque de… et un élan vers…, c’est donner à la philosophie un mouvement qui lui est essentiel : celui d’une recherche rationnelle capable d’expliquer et de faire comprendre ce qu’est l’homme, le monde et les fondements des connaissances des hommes. Karl Jaspers affirme que : « l’essence de la philosophie, c’est la recherche de la vérité, non sa possession », ou « faire de la philosophie, c’est être en route ».

2. genèse et évolution historique
La tradition occidentale fait de la Grèce antique le berceau de la « philosophie ». Or, les recherches historiques montrent que Égypte a précédé et ouvert la voie au développement de la pensée philosophique en Grèce. La rupture que les présocratiques instaurent entre le mythe et le discours rationnel est inspirée (tire sa source) de la doctrine égyptienne de l’homme comme « être supérieur », intelligent ; actif du point de vue de la pensée et de la connaissance. L’activité philosophique en Égypte date d’au moins 3000 ans av. JC.
Ce n’est que vers le VIème siècle av. JC que l’activité philosophique commence véritablement chez les Grecs. D’après Aristote : « Ce fut l’étonnement qui poussa, comme aujourd’hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques». L’étonnement est donc l’origine de la philosophie. Philosopher, c’est donc vouloir « échapper à l’ignorance », c’est vouloir combler le manque que l’étonnement a rendu manifeste en nous dans l’aperception de l’aporie, détectrice de l’ignorance.
Au VIème siècle av. JC, les sages présocratiques élaborent une image de l’univers qui élimine toute mythologie et les divinités, pour se laisser éclairer par la lumière de la raison. Leur originalité consiste à expliquer la nature par elle-même, par des éléments naturels et non par des divinités. Les quatre figures marquantes de cette période dite présocratique sont:
- Thalès de Milet : figure centrale de cette période, pense que l’eau constitue le fondement, l’essence du monde, sans doute parce que indispensable à la vie : toute chose se nourrit de l’humidité. L’eau qui a aussi une dimension symbolique, car sa fluidité révèle la dimension fluide de l’existence qu’on ne peut pas saisir. En affirmant arché dans le dynamisme de l’eau, Thalès fait appel à l’intelligence qui collabore avec l’eau pour mettre le dynamisme dans le monde. Il faut qu’un mouvement spirituel intervienne pour justifier l’eau comme fondement de la vie.
- Anaximandre : disciple de Thalès, se préoccupe lui aussi de l’arché, le principe premier, le fondement qu’il nomme apeiron (l’infini). L’apeiron donne à chaque être la direction qui convient pour qu’il reste en harmonie avec les autres Étants (la chaleur - froid, naissance-mort, les catastrophes naturelles, etc). L’apeiron est purement intelligible. Il est la condition pour que les choses se présentent à nous. C’est l’origine de l’existence des Etants, car sans lui les Etants ne pourraient exister. 
- Anaximène : L’air est le principe premier, ce qui fait vivre.
- Héraclite : Le feu est le principe premier parce qu’il régit l’existence.   

3. Socrate et la conscience de l’homme
Socrate n’a rien écrit et, cependant, son prestige et son influence ont été considérables. C’est de sa vie qu’il faut partir car son activité philosophique est étroitement liée à sa vie. Fils de Sophronisque, sculpteur, et de Phénarète, une sage-femme, il fut envahi de curiosité pour la philosophie et les recherches scientifiques. Son occupation caractéristique consistait à se promener à travers Athènes : il y flânait et questionnait ses interlocuteurs sur des questions d’ordre éthique : Qu’est-ce que le courage ? Qu’est-ce que la justice ? La vertu s’enseigne-t-elle ? Il engageait avec tous, le dialogue et accouchait les esprits comme sa mère accouchait les corps. Cet art d’accoucher les esprits, de leur faire découvrir leur propre vérité, de mettre à jour les semences spirituelles, c’est ce que l’on nomme la maïeutique.
Le sage, le saint, le musicien voilà des noms attribués à Socrate. Une personnalité fascinante et pittoresque, érotiquement experte à perler (délicatesse, soin minutieux) les âmes comme des fruits.
Le sage : c’est le mot de l’oracle de Delphes, la Pythie a répondu à la question de Chéréphon, que nul n’est plus sophos que Socrate.
Le saint : Socrate est déclaré saint, parce qu’il est un homme juste, de piété par rapport aux choses sacrées, le plus éveillé de tous les Athéniens : « O, cher Pan et vous tous, dieux d’ici, donnez-moi de venir à la beauté intérieure. Tout ce que je tiens du dehors, faites qu’il s’accorde avec l’en-dedans ; et puissè-je croire que le riche, c’est le sage ! Et de l’or, en eussé-je autant que le seul prudhomme serait capable d’en porter et traîner. »
Musicien : par accident, par la force contraignante des songes, Socrate se fait poète : « puisqu’il n’est plus de haute musique que la philosophie. »
Dans le Menon, Socrate est comparé à la Torpille ; ce large poisson de la mer qui engourdi la main qui la touche. En dialoguant, Socrate jetait le trouble à l’intérieur des consciences, inquiétait ses interlocuteurs, les mettait en contradiction avec eux-mêmes, les conduisait vers un état d’aporie, c’est-à-dire d’embarras. La fameuse ironie socratique, c’est un art de questionner en feignant l’ignorance, avec une apparence de naïveté, de telle sorte que l’autre découvre qu’en réalité il ne sait rien. Tout cela devait mal finir. En 399, Socrate fut accusé dans les formes légales devant le peuple. On lui reprochait de corrompre la jeunesse, de ne pas croire aux dieux de la cité et d’en introduire de nouveaux. Condamné à boire la ciguë, il déclina les offres de ses amis qui préparaient son évasion et mourut bravement.
Cet accoucheur spirituel a dirigé ses interlocuteurs vers le « connais- toi toi-même », le fameux « gnôti séauton » déjà gravé au fronton du temple de Delphes. Mais comment se connaître ? Comment avoir la connaissance de soi ou la conscience de soi ? Mais que signifie le soi sur lequel la réflexion porte ? Socrate dit: « il y a philosophie lorsque les hommes entreprennent de réfléchir sur leur condition, de penser par eux-mêmes les principes et les normes suprêmes qui régissent leur existence individuelle et collective. Il y a philosophie lorsque les hommes s’appuient sur la raison pour trouver des solutions aux problèmes humains et sociaux ».
21/09/2015
4. La méthode philosophique
Étymologiquement, le mot méthode se réfère à la « poursuite », à l’effort pour atteindre une fin, à la recherche ou à l’étude. Chez Aristote, le mot méthode signifie « recherche ». Les philosophes modernes tentent de définir la méthode comme un chemin ou l’ensemble des règles et des procédés qu’emprunte la raison pour atteindre la vérité. La méthode philosophique par excellence est l’ironie socratique, cet art de questionner en feignant l´ignorance avec une apparence de naïveté, jusqu’à ce que l´interlocuteur découvre qu´il ne sait rien. On la désigne aussi du nom de maïeutique socratique, l´art d´accoucher les esprits. C’est une méthode interrogative qui dévoile l´ignorance qui s´ignore, les faux savoirs et les certitudes de la société établie. Elle est l´aiguillon qui réveille les consciences endormies dans le dogmatisme des idées reçues. L´autre versant de l´ironie socratique, c´est la dialectique entendue comme rupture avec les apparences.
Platon pour sa part définit la dialectique comme un effort pour atteindre l’Idée, comme la démarche par laquelle l’esprit s’élève aux Idées du monde intelligible. Platon subordonne le monde sensible en perpétuel changement à un monde d’Idée, un monde idéal qui, lui, reste, objet de la pensée pure, modèle de toutes choses, réalité non perçue et cependant plus réelle que les fugitifs êtres sensibles. Il développe une doctrine intellectuelle et mystique, il s’agit d’une ascension par degré. La dialectique, c’est cette ascension qui par du monde sensible vers le monde intelligible, c’est-à-dire on passe de la doxa à l’épistémè, de l’opinion à la vraie connaissance. Le philosophe, ayant contemplé les essences éternelles, est capable de modeler la cité terrestres sur de la justice : que chacun fasse ce qui lui revient. Platon rêve à un pouvoir intellectuel : il lie inextricablement savoir et pouvoir. Seul, le philosophe est habilité à diriger la cité, étant entendu que le vrai philosophe est nécessairement un sage, un ami de la rationalité et de la moralité. La sagesse, c’est la source de toute connaissance, d’un esprit de discernement du bien et du mal, l’art d’être attentif dans la gestion de la chose publique, l’art de bien gouverner. Et la voie royale d’avènement d’hommes sages dans la société est claire et unique : l’éducation, l’apprentissage, la recherche de la vie intellectuelle et de la vie morale. La culture de l’intelligence et du sens moral, de la science et de la conscience est le chemin qui mène à la sagesse, laquelle est indispensable dans la vie politique comme dans les relations humaines de tous les jours.
La dialectique suppose une montée méthodiquement réglée hors de l’expérience quotidienne. Son livre La République présente la théorie des Idées et la dialectique sous une forme concrète et imagée dans le célèbre mythe de la caverne.
            Les hommes, explique-t-il dans le livre VII de la République, sont semblables à des prisonniers enchaînés dans une caverne et tournant le dos à l’entrée ouverte à la lumière. Un feu, allumé sur une hauteur, brille derrière eux. Sur la paroi de la caverne se projettent les ombres d’êtres allant et venant, porteurs de statuettes. Les prisonniers, qui n’ont jamais vu le vrai jour, prêtent évidemment aux ombres une réalité qu’elles n’ont pas.
            Ces prisonniers sont notre image, la prison représente notre monde visible. Les prisonniers que l’on tournera vers la clarté, jusqu’au grand jour où brille le vrai soleil (l’Idée du bien), seront éblouis et souffriront en cette ascension dialectique. Car la sortie hors de la caverne représente bien le cheminement dialectique.
Le philosophe allemand Georg Wilhelm Friedrich Hegel conçoit quant à lui la dialectique comme « l´art de surmonter les contradictions pour atteindre la vérité ». La dialectique est l´instrument de la réflexion philosophique, qui a pour fonction l´analyse critique des notions et idéologies autour desquelles s´élaborent (s’organisent) les agissements politiques et les pratiques sociales quotidiennes ; qui sont des lieux d´erreurs, de l´illusion et de la violence en tant qu´expression des passions et des intérêts particuliers et partisans.
Avec R. Descartes la méthode se définit alors comme une exigence intellectuelle qui suppose le bon usage de la raison. La méthode cartésienne repose sur quatre règles (l´évidence, l´analyse, la synthèse et le dénombrement).
·         La règle de l´évidence consiste à refuser les opinions recueillies par ouï-dire, à n´admettre comme vrai que ce qui est clair et distinct, ce dont on ne peut douter.
·         L´analyse est la règle par laquelle on divise la difficulté en autant de parties qu´il sera nécessaire pour la résoudre.
·         La synthèse consiste à aller du plus facile au plus difficile et du plus simple au plus composé par un enchaînement rigoureux.
·         Le dénombrement invite à rechercher et à recenser tous les éléments nécessaires à la solution d´un problème sans rien omettre.
La méthode cartésienne inaugure la liberté de pensée et l´esprit d´examen. Les caractéristiques de cette méthode sont : la réflexion critique, l´attitude interrogative, le refus des apparences, la mise en question radicale.

5. Quel est l’objet de la philosophie ?
De l’époque d’Aristote (IV.s av. JC) à celle de Descartes (XVIIè. s) la philosophie était considérée comme la mère de toutes les sciences. Cependant, à force de temps et du progrès de la spécialisation dans la connaissance scientifique de la nature, ont assiste à une sorte d’émancipation des diverses sciences de la racine philosophique. Chacune se détache de la philosophie en précisant son objet, sa méthode, ses résultats et les buts qu’elle vise. Le domaine de l’humain où la philosophie a cru longtemps disposer d’une chasse gardée est conquis par les sciences dites humaines : la philosophie naturelle, s’occupe du monde physique et de la nature, la philosophie morale, s’occupe de l’homme et de son être social, la philosophie première, s’occupe de la métaphysique.  
Même si Jean-François Revel dit que face à la science « la philosophie se trouve dans une situation inconfortable », ou selon les mots de Maurice Duverger : « La philosophie doit être remplacée par les sciences » ; ne perdons pas de vue que la philosophie est avant tout une exigence de savoir, c’est-à-dire amour du savoir et réflexion sur le savoir. En tant qu´art de raisonner, la philosophie est avant tout la science universelle et de l´Universel ; étant entendu que l´Universel, c´est ´homme en tant que sujet pensant, agissant et croyant. Comme l’écrit Martin Heidegger : « La philosophie, c’est la gardienne de l’être ».

6. Qu’elle est la finalité de la philosophie ? Théorique et pratique
Quelle fonction joue la philosophie dans la totalité sociale ? Elle remonte à la racine des choses, aux causes premières, aux principes premiers et aux fondements. Épicure dit que la philosophie est ce « raisonnement vigilant, capable de retrouver en toutes circonstances les motifs de ce qu’il faut choisir et de ce qu’il éviter, de rejeter les vaines opinions ». La finalité véritable de la philosophie est la poursuite de la vérité, la recherche du savoir et de la sagesse. La véritable sagesse est celle qui confère la connaissance vraie du réelle dans sa totalité. Ce qui fait l´universalité de la philosophie, c´est qu´elle repose sur la raison en tant que faculté législatrice de la pensée et de l´action, donc inscrite au cœur du réel. Elle est l’ensemble des réflexions approfondies que l’humanité développe sur sa propre existence, sur le monde et sur les sujets qui l’étonnent.
Elle ne s´occupe pas seulement de l´intelligence, mais aussi de la vérité et de ses actes. En tant que quête de la sagesse qui n´est rien d´autre que la vertu, la philosophie est à la fois la science des choses divines et humaines (Cicéron, De officiis). C´est dans l´action que réside tout éloge de la vertu. La justice et l´honnêteté dans l´action relève de la volonté, par conséquent de la pratique.

Conclusion
Les présocratiques étaient préoccupé par la recherche de l’arché o principe originaires des êtres naturels. Leur investigation était basée : premièrement, sur une démarche rationnelle (logique). Ils ne font plus recourt aux éléments extranaturels pour expliquer le fonctionnement du cosmos. Deuxièmement, ils ont eu l'audace d'attribuer une origine ou un principe commun et matériel à la pluralité des êtres naturels, réduisant ainsi la pluralité à l'unité et jetant pour ainsi dire, les bases de la pensée scientifique et philosophique.
De Socrate à Platon en passant par Hegel et Descartes, nous avons noté que le philosophe fonde sa foi en l’autorité de la raison laquelle, étant acquise par l’homme, lui permet de dépasser les frontières de la nécessité, et, en même temps, de mériter sa propre dignité. Connaissance, création et parxis se révèlent, dès lors, comme les moyens les plus sûrs qui permettent à la conscience de rejoindre le monde réel. Cette pensée ne cesse de justifier la présence intellectuelle de l’homme dans un monde dont la complexité s’avère de plus en plus irréversible.



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