jueves, 12 de noviembre de 2015

T.7. Première partie : L’homme dans ses rapports avec autrui!

Première partie : L’homme dans ses rapports avec autrui
Chapitre IV : La conscience et l’inconscience
I.                   La conscience

Objectif pédagogique
Au terme de cette leçon, l’élève doit être en mesure de dégager les facteurs qui déterminent la vie consciente, tant sur le plan psychologique que moral, les paramètres des actes inconscients, ainsi que les enjeux philosophiques de l’hypothèse de l’inconscient psychique.

Définition
La conscience est la connaissance plus ou moins claire qu’un sujet qui pense a de soi, du monde ou de ses actes. Le philosophe Karl Jaspers affirme que : « La conscience est la totalité du moment (…) la totalité de la vie psychique actuelle ». Dire d’un être qu’il sent, qu’il perçoit, qu’il se souvient de quelque chose, qu’il prépare une action ou qu’il se sent ou se sait être quelqu’un qui dirige son existence vers telle ou telle fin, c’est toujours et nécessairement dire qu’il est conscient. Le philosophe Henri Ey écrit : « Etre conscient c’est donc disposer d’un modèle personnel de son monde ». Un être conscient, disposant de ce qu’il vit en conformité avec ce qu’il a à être, est essentiellement un être logique et éthique, un « être de raison » qui conjugue son sentir, son désir et son savoir aux divers temps de ses possibilités. La conscience est ce qui définit l’homme. Si l’animal en reste au simple sentiment de soi et à l’expérience spontanée où n’émerge pas le moi, l’homme se sait au contraire comme moi. Voilà pourquoi Alexandre Kojève écrit : « L’homme est conscience de soi. Il est conscient de soi, conscient de sa réalité et de sa dignité humaine, et c’est en ceci qu’il diffère essentiellement de l’animal, qui ne dépasse pas le niveau du simple sentiment de soi. ».
Pensée et conscience de soi ne font-elles pas la grandeur de l’homme ? Ainsi Blaise Pascal proclame-t-il la supériorité de l’homme sur tout ce qui l’écrase : notre dignité consiste en la pensée, en la saisie de nous-mêmes, en cette conscience qui fait notre puissance, mais qui est inséparable de la saisie de notre néant et de notre faiblesse : « L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant (…). Quand l’univers l’écrase, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt. »  B. Pascal.

A)    Les modalités de la conscience

  1. La conscience comme pensée : le cogito cartésien
C’est Descartes qui a posé historiquement la conscience de soi comme la terre natale de la vérité, comme cette certitude résistant au doute et permettant d’avancer dans la voie sûre de la science à partir d’un point fixe et assuré. Au sein même du doute universel, la certitude surgit. Le « Je suis, J’existe » représente l’évidence de la réflexion. Même si un malin génie me trompe en toutes choses, cependant l’évidence du cogito s’avère inébranlable. Cette saisie du cogito ne se confond pas avec une simple certitude ; elle se révèle une liaison nécessaire, indépendante de moi, et fournit le modèle de la vérité. Le « cogito, ergo sum » exprime cette naissance historique du sujet pensant, cet avènement de la conscience-de-soi dans l’histoire de la pensée humaine : « En remarquant que cette vérité : Je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n’étaient pas capables de l’ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la philosophie que je cherchais. » R. Descartes.
Qu’est essentiellement la conscience ? Le cogito est d’abord fondamentalement unité et effort de synthèse. La conscience est un pouvoir unificateur, une liaison opérant la synthèse du divers, une activité de synthèse, un creuset où la multiplicité vient se fondre.

  1. La conscience comme synthèse : le cogito pratique
Cette activité unificatrice qui définit la conscience, nous pouvons l’envisager sous deux angles : théoriquement et pratiquement. Sous l’angle théorique, la conscience de soi correspond à la saisie de l’esprit par lui-même. Quand l’homme se contemple et se dédouble, alors la prise de conscience apparaît comme l’acte essentiellement intellectuel par lequel je réfléchis sur la pensée en tant que telle. On peut parler d’introspection (introspicere : regarder à l’intérieur) ou, mieux encore, de réflexion. G.W.F. Hegel écrit à ce propos : « Les choses de la nature n’existent qu’immédiatement et d’une seule façon, tandis que l’homme, parce qu’il est esprit, a une double existence ; il existe, d’une part, au même titre que les choses de la nature, mais, d’autre part, il existe aussi pour soi, il se contemple, se représente à lui-même, se pense, et n’est esprit que par cette activité qui constitue un être pour soi ». La formule courante dit : « en mon âme et conscience, j’ai décidé que… ».
A côté de cette conscience théorique, il est une conscience pratique, naissant de l’activité correspondant à l’action des hommes. C’est une notion extrêmement importante, que Hegel met ici en relief. En agissant, nous extériorisons notre moi et marquons le monde de la forme du sujet. Conscience, ce « pour-soi », devient alors un « en-soi », une chose, ou plutôt un « en-soi-pour-soi ». Ce cogito pratique possède une importance tout aussi grande que le cogito théorique. Hegel dit que : « Deuxièmement, l’homme se constitue pour soi par son activité pratique, parce qu’il est poussé à se trouver lui-même, à se reconnaître lui-même dans ce qui lui est donné immédiatement, dans ce qui s’offre à lui extérieurement. Il y parvient en changeant les choses extérieures, qu’il marque du sceau de son intériorité et dans lesquelles il ne retrouve que ses propres déterminations. L’homme agit ainsi, de par sa liberté de sujet, pour ôter au monde extérieur son caractère farouchement étranger. »

  1. La conscience comme intentionnalité : Edmond Husserl et Jean-Paul Sartre.
La philosophie moderne, avec Edmond Husserl, approfondit elle aussi l’aspect actif de la conscience. Tel est le sens de la fameuse formule de Husserl : « toute conscience est conscience de quelque chose ». La conscience et le monde sont donnés d’un même coup : extérieur par essence à la conscience, le monde est, par essence, relatif à elle. L’intentionnalité désigne la nécessité où la conscience se trouve d’exister comme conscience d’autre chose que soi. Toute conscience vise un objet. Elle est un acte, une projection dans le monde, un « éclatement » en quelque sorte. Les « existentialistes » ont parlé d’un être-dans-le-monde et l’on peut dire que cet être-dans-le-monde caractérise fort bien l’être même de la conscience : elle est tout entière dépassement vers l’objet et transcendance. J-Paul Sartre, commentant cette idée d’intentionnalité, décrit clairement ce mouvement de transcendance de la conscience. Connaître, c’est « s’éclater vers, s’arracher à la moite intimité gastrique pour filer là-bas, par-delà soi, vers ce qui n’est pas soi. » J.-P. Sartre. 
La conscience n’est pas une intériorité pure et simple. Si elle se définit par son intentionnalité et n’est rien d’autre qu’une visée transcendante, alors l’intérieur n’est précisément que l’extérieur ; c’est-à-dire l’intériorité n’est rien sans l’extériorité. La philosophie nous invite à voir dans la conscience un effort pratique et, par conséquent, un travail moral de formation de soi à travers les choses : « Ce n’est pas dans je ne sais quelle retraite que nous nous découvrons : c’est sur la route, dans la ville, au milieu de la foule, chose parmi les choses, homme parmi les hommes. » J.-P. Sartre.


  1. La conscience comme sélection : Henry Bergson
 Pour Henry Bergson, la conscience est essentiellement mémoire, c’est-à-dire la faculté de sélection : « Qu’arrive-t-il quand une de nos actions cesse d’être spontanée pour devenir automatique ? La conscience s’en retire. (…) Si conscience signifie mémoire et anticipation, c’est que conscience est synonyme de choix » (H. Bergson : Matière et mémoire) puis d’ajouter : « La conscience correspond exactement à la puissance de choix dont l’être vivant dispose ; (…) conscience est synonyme d’invention et de liberté » (L’Evolution créatrice).

  1. La conscience et le corps : la position cartésienne
La conscience et le corps, tout en étant distinct sont cependant en union étroite. La conscience n’est pas seulement logée dans le corps comme un pilote en un navire, elle compose un seul tout avec lui. Il y a à la fois distinction réelle de l’âme et du corps et union des deux composants. Le sentiment de la douleur, tout comme la faim et la soif, m’enseignent perpétuellement cette unité indissoluble : «La nature m’enseigne (…) par ces sentiments de douleur, de faim, de soif, etc., que je ne suis pas seulement logé dans mon corps, ainsi qu’un pilote en son navire, mais, outre cela, que je lui suis conjoint très étroitement et tellement confondu et mêlé, que je compose comme un seul tout avec lui.» R. Descartes.
La pensée contemporaine ne sépare même plus la conscience et le corps, l’esprit et la matière, elle les identifie totalement. Le corps n’est pas un objet parmi les autres, objet auquel la conscience serait unie accidentellement. Il n’est pas une substance différente de la conscience, l’autre de cette conscience : il est le même que l’esprit. La conscience est le corps, ici encore l’intérieur et l’extérieur se rejoignent et coïncident. Si nous voulons sauver la conscience et l’esprit, c’est le corps qu’il faut aussi sauver.

B)    Les conditions de la conscience sociale : Karl Marx et Emile Durkheim
Les notions de souveraineté et d’autonomie de la conscience sont vivement contredites de nos jours. Le Cogito ergo sum (Je pense donc je suis) de Descartes conçoit l’homme en termes de pensée et d’action. Blaise Pascal quant à lui affirme que « Pensée est la grandeur de l’homme ».  Avec Nietzsche, la subjectivité qui fait place à la volonté de puissance. Le monde est un faisceau de forces, pas de place pour un sujet libre et conscient. Leibniz pense que nos actions sont déterminées en parties par un enchaînement de perception qui oriente nos décisions, nos choix et agissent sur nous sans que nous nous en apercevions. Nous croyons agir librement et poser des actes qui émanent de notre volonté consciente, cependant, une multitude de forces agissent sur nos émotions.
Karl Marx estime pour sa part que « ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience ». Autrement dit, le matériel, voilà ce qui détermine la conscience de l’homme. La conscience n’est pas une entité à part, elle émane de la position du sujet concret, réel engagé tous les jours dans l’activité matérielle de son existence. La conscience n’a pas de contenu propre, elle ne se constitue pas dans une autonomie et une souveraineté absolue. Son contenu est l’activité matérielle des hommes concrets.
En dépit de ces divergences de points de vus, la conscience demeure l’instance suprême qui régit la relation de l’homme à lui-même, aux autres et au monde.

Conclusion
Prendre conscience, c’est prendre connaissance de la réalité pour ensuite la transformer suivant nos choix, nos aspirations, nos intentions, nos projets. L’activité consciente est une activité de choix, de liberté et de responsabilité. Elle se révèle dans son essence comme la capacité d’opérer des choix judicieux, des actes rationnels qui expriment notre liberté et dont on peut par conséquent assumer la responsabilité. La conscience dans sa forme achevée est une conscience morale, car c’est le jugement intérieur qui sanctionne nos actes et nos actions. La conscience est surtout agissante, créatrice dans sa relation à l’extériorité. Elle donne le pouvoir sur les choses et assure notre adaptation, notre insertion dans le monde.
Quelques questions

  1. pourquoi refuse-t-on la conscience à l’animal ?
  2. la conscience est-elle ce qui me rend libre ?
  3. suffit-il d’être conscient de ses actes pour être responsable ?
  4. comment sait-on que quelqu’un est conscient de ce qu’il fait ?



II. L’inconscience
Dans un article paru en 1917, Freud compare la révolution provoquée par la psychanalyse à celles de Copernic et de Darwin. De même que la Terre ne peut plus être considérée comme le centre de l’univers et que l’homme apparaît tard venu dans la lignée animale, de même le moi conscient n’est plus le maître dans sa propre maison. Par sa découverte de l’inconscient, Freud souligne, en effet que nous sommes mus, dans la plupart de nos actions, non par les mobiles que nous croyons consciemment être les nôtres, mais par d’autres que nous ignorons et qu’en tout état de cause nous ne pouvons connaître que partiellement.
Admettre l’inconscient, c’est en effet renoncer pour soi-même à la prétendue maîtrise de ses actes, à la toute-puissance de la lucidité et du vouloir ; et Freud de conclure : « j’ai acquis l’impression de ce que la théorie de l’inconscient se heurtait principalement à des résistances d’ordre affectif qui s’expliquent par ce fait que personne ne veut connaître son inconscient, et partant trouve plus expédient d’en nier tout simplement la possibilité. »
  1. La découverte philosophique de l’inconscient
Descartes, identifiant conscience et psychique, pose, d’un côté, la pensée qui se pense, le cogito, entièrement transparent à lui-même et à son essence et, d’un autre côté, les mécanismes corporels. C’est ce que l’on appelle le dualisme cartésien.
Le philosophe allemand Leibniz aborde vraiment le problème de l’inconscient, dont il se fait l’explorateur. Ce continent si mal connu, Leibniz le visite avec des pressentiments de génie, en particulier lorsqu’il développe sa théorie des petites perceptions inconscientes.
Quand je me promène au bord de la mer, ma perception consciente du mugissement des vagues, n’est-elle pas le fruit de bien autre chose ? En vérité, mille petites perceptions que je ne saisis pas clairement concourent à la perception de l’ensemble. La conscience claire et transparente à elle-même n’est pas le tout du psychisme : elle n’est qu’un degré et un passage, une éclosion et un moment.
Nietzsche, pour sa part, voit dans la conscience un organe secondaire et même inutile : « la vie entière pourrait passer sans se regarder dans ce miroir de la conscience. »
  1. Définition de l’inconscience
Ce qui est nouveau chez Freud, c’est que, au-delà du point de vue affirmant qu’il y a plus d’inconscient que de conscient dans la vie psychique, il définit l’inconscient à partir du refoulement. L’inconscient, qui désigne un des systèmes de l’appareil psychique, contient des représentations refoulées, c’est-à-dire des productions mentales que la censure, barrage sélectif engendré par l’éducation, la société et l’expérience, maintient hors du système conscient. Le refoulement est donc, au sens propre du terme, l’opération par laquelle le sujet repousse dans l’inconscient des représentations susceptibles de provoquer du déplaisir à l’égard d’exigences créées généralement par notre formation première. Freud, dans sa seconde théorie du psychisme, affirme ainsi que le sujet est l’unité de trois termes : le Moi, conscience claire, le ça, inconscience fait de pulsion, et le surmoi, intériorisation des interdits parentaux.
Il faut distinguer aussi, comme le faisait la première conception de Freud le conscient, l’inconscient et le préconscient, c’est-à-dire ce qui n’est pas présent dans le champ actuel de la conscience, mais qui, en droit, est accessible au cogito transparent et limpide.
On notera aussi l’existence d’un inconscient primitif qui contient l’ensemble des comportements vitaux élémentaires (réflexes, instincts).

  1. Légitimité de l’hypothèse de l’inconscient
L’inconscient freudien est donc, on le voit, une notion dynamique liée à l’expérience de la cure psychanalytique : il est constitué de contenus refoulés qui deviennent accessibles à la conscience quand les résistances sont surmontées grâce à la psychanalyse, qui met en évidence la signification inconsciente de certaines productions psychiques.
L’hypothèse de l’inconscient est, pour Freud, rigoureusement nécessaire : les données psychiques sont souvent lacunaires et la cure conduit à supposer des contenus inconscients pouvant expliquer les symptômes névrotiques.

  1. Le désir inconscient et l’acte manqué
Si la cure dévoile et exige l’hypothèse de l’inconscient, l’acte manqué, lui aussi, désigne un raté de la parole et de l’action manifestant l’irruption de l’inconscient dans la vie quotidienne. Les actes manqués sont ces actes, innombrables dans la vie psychique, qui manquent et ratent leur but intentionnel et expriment bien autre chose que lui : ainsi, les troublantes erreurs d’écriture, les maladresses, les bris d’objet. Il faut les prendre au sérieux, déceler leur sens et leur fonction chez l’individu. Car ils révèlent les secrets les plus intimes, souvent les mieux gardés de l’être. Ils prouvent en tout cas, chez les individus, l’existence du refoulement. « Certains actes en apparence non-intentionnels se révèlent, lorsqu’on les livre à l’examen psychanalytique, comme parfaitement motivés et déterminés par des raisons qui échappent à la conscience… Font partie de cette catégorie les cas d’oubli et les erreurs, les lapsus linguae et calami, les erreurs de lecture, les méprises et les actes accidentels. »

  1. Le rêve, voie royale menant à l’inconscient
Tout comme les actes manqués, les rêves sont des exutoires de l’inconscient. Freud décèle dans le rêve un sens et il interprète son contenu manifeste. Il interpole des significations inconscientes qui viennent éclairer les données apparemment irrationnelles. Ce qu’il insère, c’est le contenu latent ou la pensée du rêve. Le rêve cesse, avec Freud, d’être irrationnel. Voici qu’il apparaît désormais comme la réalisation plus ou moins déguisée d’un désir refoulé. Ce qui compte, dès lors, dans l’interprétation du rêve, c’est ce qui est caché, son sens, en bref les idées latentes et masquées du rêve. « Si le rêve est obscur, c’est par nécessité et pour ne pas trahir certaines idées latentes que ma conscience désapprouve. Ainsi s’explique le travail de déformation qui est, pour le rêve, un véritable déguisement. »






  1. La révolution psychanalytique
Ainsi, Freud a-t-il montré que l’hypothèse de l’inconscient est nécessaire et légitime, que les symptômes psychopathologiques tout comme les rêves seraient incompréhensibles sans cette hypothèse. En découvrant la terre encore mal explorée de l’inconscient, il a dégagé profondément le sens caché de nos conduites : c’est un grand herméneute, un philosophe du sens, un interprète des comportements humains qui a déchiffré les sens cachés derrière le sens apparent. A ce titre, le freudisme représente un acquis irréversible, et ce, bien que la psychanalyse et Freud connaissent, de nos jours, une époque de « vaches maigres », tout particulièrement aux Etats-Unis, mais aussi en France.
  1. La critique du philosophe français Emile Chartier (Alain)
Sur le plan strictement philosophique et non pas culturel, la quête inlassable des motivations inconscientes peut parfois embarrasser le penseur soucieux de liberté et de morale. Ainsi, Alain a mis en évidence les dangers éthiques du freudisme. Toute la morale consiste à se référer au « Je », unique fondateur de notre vie. Grossir le terme d’inconscient, c’est aller contre toute l’éthique. Pour Alain, il ne s’agit nullement de contester la réalité de l’inconscient, mais bien de refuser les mythes dangereux qu’il pourrait envelopper et véhiculer. « Il faut éviter ici plusieurs erreurs que fonde le terme d’inconscient. La plus grave de ces erreurs est de croire que l’inconscient est autre Moi ; un Moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses ; une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller. Contre quoi il faut comprendre qu’il n’y a point de pensée en nous sinon par l’unique sujet. Cette remarque est d’ordre moral. »
Dans l’Etre et le Néant, Sartre soumet également le freudisme à une série de critiques dont le sens est finalement moral. Il refuse, tout comme Alain, de faire de l’inconscient le maître de nos actes et de nos choix.
Ne cherchons jamais d’excuses à nos actes et ne nous abritons pas derrière notre inconscient, veut au fond dire Sartre quand il critique Freud.

a)      La conscience connaît ce qu’elle refoule : comment concevoir une conscience qui ignorerait ce qu’elle refoule et rejette ? Si elle répudie une tendance ou un désir, ne faut-il pas qu’elle détienne un certain savoir et une représentation du refoulé 

b)      Freud a brisé le psychisme humain : en même temps qu’il a méconnu la transparence de la conscience humaine, Freud a brisé le psychisme humain qu’il a ainsi dénaturé. Cette cassure est d’importance. Freud a raté l’unité de l’homme parce qu’il a oublié l’unité du cogito.

c)      Le triomphe du point de vue d’autrui : en brisant l’unité du psychisme humain, Freud a ainsi assuré le triomphe du point de vue d’autrui dans la connaissance de soi. Si le cogito perd sa transparence, s’il existe à la fois une vie consciente et des tendances inconscientes, alors la souveraineté de la conscience sur le sens et la signification de ses états disparaît. C’est le triomphe du point de vue d’autrui. Le psychanalyste, médiateur entre les différents aspects du moi, peut seul me révéler à moi.

d)     La mauvaise foi : en définitive, l’inconscient en tant que tel n’existe pas. Nul psychisme qui soit totalement ignorant de soi-même. Ce qui existe véritablement, c’est la mauvaise foi, le mensonge à soi-même, l’acte par lequel la conscience se dissimule à elle-même le vrai, se laissant prendre à son propre mensonge. A vrai dire, c’est la liberté souveraine de la conscience de soi que Sartre sauvegarde ainsi.

Ainsi, Sartre souligne, comme Alain, les dangers éthiques du freudisme. La position de Sartre à d’ailleurs considérablement évoluée et, dans une de ses dernières œuvres, L’Idiot de la famille, il se rapproche de Freud et de la psychanalyse, cette approche fondée sur la mise en évidence de la signification inconsciente des paroles et productions.
Conclusion : la psychanalyse comme quête du sens
Le savoir humain, a écrit Freud dans l’Introduction à la psychanalyse, a été trois fois décentré : la première fois quand Copernic montra que la Terre n’est pas le centre de l’univers, la seconde fois quand Darwin signala que l’homme ne possède pas une place privilégiée dans l’ordre biologique, la troisième fois avec le décentrement de l’inconscient.
Freud a effectivement montré que le moi est en lien dialectique avec les pénombres de l’inconscient. Encore convient-il de ne point idolâtrer ces abîmes : la cure psychanalytique a précisément pour but de rendre au sujet aliéné dans son passé la possession de lui-même.
Si le mouvement psychanalytique connaît de nos jours un certain fléchissement, il semble toutefois que les anti-freudiens soient allés trop loin : la psychanalyse demeure comme quête du sens et accouchement spirituel.

Quelques sujets de réflexion
  1. Sommes-nous maîtres de nos paroles ?
  2. Comment sait-on que quelqu’un est conscient de ce qu’il fait ?
  3. peut-on ne pas savoir ce que l’on fait ?
  4. Suis-je vraiment responsable de ce dont je n’ai pas conscience ?
  5. Peut-il y avoir une science de l’inconscience ?


1 comentario:

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